Alors que nous venons de prier pour les vocations religieuses, et en particulier pour les vocations sacerdotales, le 21 avril, dimanche du Bon Pasteur, je voudrais écrire un mot sur le prêtre.

Évidemment, il faut partir de Jésus : c’est lui, le véritable Prêtre des chrétiens ! Jésus lui-même n’a jamais revendiqué ce titre car il bataillait contre la caste des grands-prêtres juifs et le culte au Temple de Jérusalem, qu’il trouvait trop commercial et superficiel. Rappelez-vous comment il a chassé les marchands du Temple ! C’est l’auteur de la Lettre aux Hébreux qui qualifie à la fin du Ier siècle Jésus de “grand-prêtre à la manière de Melkisedek”. Par là, il veut expliquer que Jésus, étant homme et Dieu, est le vrai Médiateur entre l’humanité et le Père ; qu’il l’est définitivement, puisqu’il est ressuscité et donc vivant éternellement ; et qu’il offre le meilleur des sacrifices car il s’agit de sa propre vie (offerte par amour) et non de quelque chose qui lui serait extérieur, comme les prémices d’une récolte ou un animal.

Ainsi, nous n’avons plus besoin de sacrifices mais d’entrer et de demeurer en communion avec Jésus. C’est l’Église qui est chargée de rendre présent le Christ, par l’annonce de la Parole, la célébration des sacrements et la vie dans la charité. Ce qui concerne chacun des baptisés mais requiert aussi l’institution de ministres. Ceux-ci vont rappeler en effet par leur être même que l’Église se reçoit de son Seigneur : dans l’Eucharistie et l’Absolution des péchés en particulier, le prêtre agit in persona Christi Capitis. Cette formule théologique signifie que c’est Jésus qui agit à ce moment-là par le prêtre. Ce n’est pas de lui-même que le prêtre pardonne et consacre le pain et le vin, ni par délégation des autres chrétiens, mais par l’Esprit Saint. Le Christ, Tête de l’Église, agit par le prêtre en faveur de son Corps, les baptisés laïcs. Tous sont unis à Jésus, mais chacun a sa place.

C’est pour cela que le prêtre a reçu un sacrement spécial, celui de l’Ordre. Au fait, pourquoi ce mot ? Rien à voir avec l’autorité ! Il indique juste que le prêtre intègre un ordo, on dirait en français un corps constitué. Car on n’est pas prêtre tout seul, on ne reçoit pas un super-pouvoir, mais on entre dans un service d’Église. Un service qui se fait donc en union avec l’évêque et les autres prêtres, et qui se conjugue avec d’autres services : tous les baptisés ont un rôle dans l’Église. On parle même du sacerdoce baptismal, pour préciser que la vie des baptisés est déjà “un sacrifice de louange” (cf He 13,15) ; et que leur participation aux sacrements est nécessaire. Le pain et le vin qui vont être consacrés sont en effet “les fruits de la terre et du travail des hommes” : c’est bien que chacun, pendant la messe, offre à Dieu son travail, ses joies et ses difficultés, pour mieux recevoir Jésus qui s’offre en retour, par la grâce de la liturgie dirigée par le prêtre. Qui prie d’autant mieux qu’il ressent votre prière !

Père Nicolas