Au moment de la Toussaint, nos regards se tournent vers le Paradis : nous nous réjouissons avec les saints et nous prions pour que les défunts de nos familles entrent comme eux dans la joie du Ciel.
Cette foi en un au-delà de la mort est essentielle dans le christianisme : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes », dit saint Paul. « Mais non ! Le Christ est ressuscité d’entre les morts ! » (1 Co 15,19) L’affirmation chrétienne d’une vie après la mort n’est pas une façon de se consoler à bon compte, c’est une conséquence directe de l’expérience pascale : Jésus est ressuscité, c’est donc qu’il a vaincu la mort, alors ceux qui s’unissent à lui par la foi pourront eux aussi entrer dans le Paradis.
Au fait, d’où vient le mot « paradis » ? Il n’apparaît pas dans la Genèse, Adam et Eve sont dans « le jardin d’Éden ». Mais le mot vient du persan pardez qui désigne bien un jardin. Le Paradis est donc un jardin ; et pas n’importe lequel : celui de Dieu. Celui où on vit heureux éternellement.
En réalité, le baptême, déjà, nous introduit dans la Vie éternelle… Car il ne s’agit pas d’une vie qui durerait très très longtemps, comme le suggérait un enfant du catéchisme l’autre jour, mais de la Vie avec Dieu. Le ressuscité entre dans la nouvelle Création : par rapport à notre monde d’aujourd’hui, il y a un vrai changement ! Nouveauté radicale, transfiguration, spiritualisation… Comment dire ? Les Pères de l’Église, vers le IVe s, osaient parler de « divinisation » : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (en Dieu, pas à sa place, évidemment). On est loin d’un simple coin de verdure…
Au passage, je vous propose cette définition de l’éternité : elle est comme un instant d’une intensité infinie. En effet, nous faisons l’expérience qu’on ne voit pas le temps passer lors des bons moments ; tandis qu’à l’inverse, le temps n’avance pas quand on s’ennuie. Eh bien, être avec Dieu, c’est tellement bien que le temps ne passe pas !
Est-ce qu’on ira tous au Paradis, comme le dit la chanson de Polnareff ? « Les bonnes sœurs et les voleurs, les saints et les assassins » ? Oui, s’ils se sont convertis, comme le bon larron ! Un vrai repentir, une vraie demande de pardon, et si possible une démarche de réparation…
Il me reste à évoquer une dernière dimension du Paradis : c’est qu’on y retrouve tout le monde, je veux dire tous les saints. C’est le grand lieu de la fraternité accomplie. Comment pourrait-il en être autrement, alors qu’on y est dans l’Amour de Dieu en plénitude ?
Du coup, je pense qu’il n’y a qu’une ombre dans la Vie des saints au Paradis : nous… Ils s’inquiètent pour nous, leur amour pour nous les empêche d’être pleinement heureux sans nous. Alors ils prient pour nous !
Père Nicolas