Bonjour !

J’avais prévu de faire cet édito sur le sujet de la confession – essentielle pour se préparer à Pâques – mais l’actualité me provoque, avec cette annonce du président de la République sur une “aide à mourir”. C’est inconfortable comme sujet, car il y a des souffrances derrière : il n’est pas possible de raisonner de façon strictement rationnelle, détachée de toute émotion, et pourtant il faut essayer.

Voici donc quelques réflexions :
  • Les associations de soignants, en premier lieu la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, disent leur colère et leur consternation, car elles réclament depuis des années davantage de moyens pour les soins palliatifs : si on commençait par ça, on verrait mieux ensuite si des “souffrances réfractaires” demeurent et comment on peut y répondre.
  • On invoque à tout bout de champ l’opinion des Français qui serait acquise à cette évolution de la loi ; mais comment la question leur a-t-elle été posée ? C’est sûr que si on demande “Voulez-vous mourir dans la dignité ?”, tout le monde est d’accord.
  • Ce qui fait peur, c’est la souffrance : si les soins palliatifs étaient accessibles partout en France, il y aurait nettement moins de morts dramatiques et de désirs d’être aidé à mourir.
  • Il y a aussi le spectre de passer ses dernières semaines à agoniser lentement à l’hôpital, bardé de machines. Mais la loi Claeys-Léonetti de 2016 met déjà fin à l’acharnement thérapeutique, demandant de poursuivre jusqu’au bout seulement les soins de confort (hydratation et apaisement des douleurs). L’idéal serait de pouvoir mourir chez soi, mais il faudrait plus d’équipes mobiles de soins palliatifs…
  • Les medias nous présentent en particulier des témoignages de personnes atteintes de la maladie de Charcot, cette maladie horrible où on perd progressivement l’usage de ses muscles. Mais l’autre jour, un de ces malades, après avoir dit que la possibilité de mettre fin à ses jours quand il en aurait assez le rassurerait, ajoutait : “Avant, je vivais à 100 à l’heure, maintenant, je vis à 100%.” Est-ce que cela ne serait pas faisable jusqu’au bout ?
  • Ne nous laissons pas leurrer par les mots, le projet de loi permettrait bien le suicide assisté et l’euthanasie, même si le président s’en défend. Ce serait donc la levée de l’interdit fondateur du “Tu ne tueras pas”. Avec quelles conséquences sur le contrat social ? Probablement l’émergence de l’idée que certains sont des poids pour la société…
  • Le personnel soignant souligne qu’il s’est engagé à soigner, c’est-à-dire à lutter pour la vie ; pas à donner la mort.
  • Le président a heureusement donné de stricts critères d’accès à cette “aide à mourir” ; mais on sait qu’une fois la porte entrouverte, il sera facile de l’ouvrir davantage. Ainsi en Belgique, l’euthanasie est désormais autorisée, non plus seulement pour maladie incurable avec mort à court terme, mais pour dépression profonde (pour une femme de 24 ans !).

Ces réflexions ne sont pas spécifiquement chrétiennes, mais simplement citoyennes, il est donc important de les partager autour de nous.

Comme chrétiens, nous sommes particulièrement provoqués en tout cas à accompagner jusqu’au bout les malades : c’est ça, la véritable fraternité !

Père Nicolas

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