Bonjour !
Je continue à fêter les 60 ans de la clôture du concile de Vatican II en vous parlant cette fois de Dei Verbum, la « constitution dogmatique sur la Révélation divine ». Le mot « dogmatique » souligne ici l’importance que les Pères conciliaires accordent à ce texte, qui va en effet remettre enfin la Bible à l’honneur dans l’Église catholique. Jusque-là, par réaction sans doute face aux protestants, et probablement aussi face aux philosophes et scientifiques, seuls les clercs pouvaient lire la sainte Écriture, les fidèles se contentaient de leurs commentaires. Mais la réflexion de Vatican II est plus vaste !

Dans le premier chapitre, il est spécifié que Dieu se révèle en personne par le Christ, qu’il s’adresse aux hommes comme à des amis, pour les inviter à partager sa propre vie. Et l’homme lui répond par sa foi, elle-même suscitée par l’Esprit Saint. Ça nous semble évident mais c’est une petite révolution car on affirmait plutôt jusque-là que Dieu révélait des vérités à croire : le concile nous fait donc passer de l’intellect à l’expérience, la foi ne porte pas sur des concepts mais met en communion avec Dieu ! Ce qui est conforme à l’Évangile, bien sûr.
Le 2e chapitre précise que « la sainte Tradition et la sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Église ». L’Évangile est déjà porté par la Tradition, puisque Jésus n’a rien écrit lui-même ; et si la Tradition se poursuit depuis les apôtres, pour exposer la foi chrétienne de manière adaptée à chaque époque et chaque culture (comme les Pères de Nicée l’ont fait face à la culture grecque il y a 1700 ans), elle ne peut le faire qu’en fidélité avec l’Évangile. Luther a raison de remettre la Bible au centre mais il a tort de faire abstraction des lectures faites par les générations précédentes : je comprends la Bible dans l’Église.
Père Nicolas