Il y a 400 ans, le 19 juin 1623, naissait Blaise Pascal. Mathématicien et physicien, il consacra sa vie à la recherche de Dieu, à rapprocher foi et raison dans le respect de la grandeur de la foi. Le Saint-Père lui a rendu hommage dans une lettre apostolique intitulée « Sublimitas et miseria hominis » (Grandeur et misère de l’homme). En voici quelques extraits pour réfléchir un peu pendant l’été…

Si Blaise Pascal peut toucher tout le monde, c’est notamment parce qu’il a parlé de la condition humaine de façon admirable. Il serait toutefois trompeur de ne voir en lui qu’un spécialiste des mœurs humaines, aussi génial fût-il. Le monument que forment ses Pensées, dont certaines formules isolées sont restées célèbres, ne peut se comprendre réellement si l’on ignore que Jésus-Christ et l’Écriture Sainte en constituent à la fois le centre et la clé. Car si Pascal a entrepris de parler de l’homme et de Dieu, c’est parce qu’il était arrivé à la certitude que « non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus‑Christ, mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus‑Christ. Nous ne connaissons la vie, la mort que par Jésus‑Christ. ».

Pascal part du constat que l’homme est comme un étranger à lui-même, grand et misérable. Grand par sa raison, par sa capacité à dompter ses passions, grand même « en ce qu’il se connaît misérable ». Il existe une disproportion insupportable entre d’un côté notre volonté infinie d’être heureux et de connaître la vérité, et de l’autre côté notre raison limitée et notre faiblesse physique, qui aboutit à la mort. Dans cette condition tragique, bien sûr, l’homme ne peut pas rester en lui-même, car sa misère et l’incertitude de sa destinée lui sont insupportables. Il lui faut donc se distraire, ce que Pascal reconnaît volontiers : « De là vient que les hommes aiment tant le bruit et le remuement ». Et pourtant le divertissement n’apaise ni ne comble notre grand désir de vie et de bonheur. Cela, tous, nous le savons bien.

C’est alors que Pascal pose sa grande hypothèse : « Qu’est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide et qu’il essaye inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant des choses absentes les secours qu’il n’obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c’est-à-dire que par Dieu même ?».

Le 23 novembre 1654, Pascal a vécu une expérience très forte, que l’on appelle sa “Nuit de feu”. Cette expérience mystique, qui lui fit verser des pleurs de joie, a été si intense et si déterminante pour lui qu’il en a rendu compte sur un morceau de papier précisément daté, le Mémorial, qu’il avait glissé dans la doublure de son manteau, et que l’on n’a découvert qu’après sa mort. S’il est impossible de savoir exactement quelle est la nature de ce qui s’est passé dans l’âme de Pascal cette nuit-là, il apparaît qu’il s’agit d’une rencontre dont lui-même a reconnu l’analogie avec celle, fondamentale dans toute l’histoire de la révélation et du salut, vécue par Moïse devant le buisson ardent (cf. Ex 3) : « Ce n’est pas le Dieu abstrait ou le Dieu cosmique, non. C’est le Dieu d’une personne, d’un appel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, le Dieu qui est certitude, qui est sentiment, qui est joie ».

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