La neuvaine préparatoire à la Pentecôte, commencée le soir même de l’Ascension, est une belle occurrence pour la communauté catholique de Châtillon. Elle nous met un peu, sinon pleinement, dans les mêmes dispositions spirituelles à l’instar des apôtres réunis au cénacle avec Marie la Mère de Jésus, pour accueillir la promesse faite par le Père, le don de l’Esprit Saint (Actes 1,4). En réalité, avec l’Ascension, on pourrait imaginer qu’une porte est fermée et qu’un temps est révolu, celui de la présence physique de Jésus au milieu des siens. Ce qui justifie d’ailleurs la tristesse et la peur des disciples à s’enfermer au cénacle. Mais l’Ascension ouvre indéfectiblement la porte d’une nouvelle forme de présence du Ressuscité
Parce que Celui-ci est égal au Christ en dignité (cf. Credo de Nicée Constantinople), Jésus l’avait appelé le Paraclet (Jn 16,7) et même un autre Paraclet (Jn 14,16), et la condition pour que ce Paraclet entre en jeu dans l’histoire, c’est que le Ressuscité retourne vers le Père : « c’est votre intérêt que je parte, car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous ; mais si je pars je vous l’enverrai » (Jn 16,7) . Il n’y a toutefois pas d’incompatibilité entre Jésus et le Paraclet, car Jésus ou l’Esprit Saint, c’est le Christ agissant dans l’histoire par la force de l’Esprit Saint. Et c’est l’Église née le jour de Pentecôte, qui est dispensatrice du don merveilleux de cette Force à travers les Sacrements. Cette Force nous l’avons reçue le jour de notre baptême et c’est encore Elle qui nous a rendus adultes dans la foi le jour de notre confirmation. C’est toujours cette force d’en haut qui réalise notre filiation à Dieu. Saint Paul affirme à propos : « Et l’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves qui ont encore peur, mais il fait de vous des enfants de Dieu. Et par cet Esprit, nous crions vers Dieu en lui disant : Abba ! Père ! L’Esprit Saint lui-même nous donne ce témoignage : nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8,15-24).
Jésus en assurant ses disciples de leur envoyer le Paraclet, c’est-à-dire le consolateur, mesure bien le prix de la fragilité de notre humanité, aujourd’hui plus qu’hier, déchirée par la guerre, la haine, la violence, le viol, les calamités naturelles, le terrorisme, la division. L’Église, elle aussi, est confrontée à la division en son sein au point où nous assistons à de nouvelles formes de religiosité (protestantisme, anglicanisme, orthodoxe, pentecôtiste, évangélique etc…) qui se réclament toutes du Christ et pourtant Jésus avait prié pour son unité : « Père Saint, garde mes disciples unis dans ton nom, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes » (Jn 17, 11).
La liberté aveugle de l’homme, c’est cela qui est à la base des dérives auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui. Aussi l’indocilité aux inspirations de l’Esprit Saint, me semble-t-il.
Daigne l’Esprit Saint consolider davantage notre unité malgré nos diversités, qu’il remplisse de sa joie consolante les cœurs meurtris et blessés, qu’il relève les malades et qu’il nous donne sa paix. Ainsi soit-il !
« Ô Lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tes fidèles » (Séquence de Pentecôte §5).
Père Charles