Avec le Père Nicolas, je fête mes 25 ans d’ordination en ce mois de juin. Je voudrais en profiter pour vous partager quelques convictions qui m’habitent concernant le diaconat.
Il est d’usage de définir le diacre comme le ministre ordonné pour être plus particulièrement signe, par le sacrement reçu, du service dans l’Église, de la fameuse « diaconie » sous ses trois aspects de la liturgie, de la Parole et de la charité. Mais tous les ministres ordonnés partagent en fait cela, qu’ils soient prêtres ou évêques. « Ministre » signifie d’ailleurs « serviteur ».

Une des caractéristiques du diacre est toutefois d’être ministre au sein de la communauté ecclésiale qui l’accueille, mais aussi pleinement dans le monde, dans une vie qui ressemble à celle de tous les baptisés. J’aime dès lors penser que ce qui peut faire le lien dans le ministère diaconal en paroisse et dans le monde où vivent les diacres – milieu familial, professionnel, associatif… – c’est le souci de la fraternité ; le souci de signifier la fraternité du Christ en cherchant à la promouvoir dans les communautés chrétiennes et à en être une sentinelle dans la société.

Certes nos communautés paroissiales sont des fraternités au nom de Jésus-Christ. La communauté des disciples du Christ est appelée « fraternité » dans la 1ère épître de Pierre (1 P 2, 17). Et ce que nous appelons « l’Église » a été appelée aussi « la Fraternité » durant les premiers siècles de son histoire. Mais le défi qui est toujours devant nous est de faire que nos communautés-fraternités soient vraiment fraternelles, qu’elles vivent d’un amour fraternel, selon l’amour du Christ qui est notre frère et nous rassemble.
Pour promouvoir la fraternité, le diacre est donc appelé à être signe du Christ-Frère pour la communauté des baptisés qui se rassemblent. Mais il doit tout autant être signe de ce Christ-Frère pour ceux qui sont aux périphéries de l’Église, dans ce monde et aux périphéries mêmes de ce monde. Dans cette perspective, il doit jouer le rôle d’une sentinelle au sein d’un monde marqué par le règne de l’individualisme, au mieux, voire par le rejet de l’autre, vu souvent comme celui qui d’abord me dérange, me menace, et qui est le responsable de ce qui va mal dans ma vie.
A partir de la rentrée prochaine j’essaierai, me concernant, de promouvoir cette fraternité dans une autre communauté paroissiale, par-delà mes limites que je connais trop bien ; j’essaierai aussi de continuer de jouer le rôle de sentinelle de la fraternité dans les engagements qui sont les miens et ce qui fait ma vie.

Christian Pian