Nous approchons du temps du Carême qui commencera par le Mercredi des Cendres où une des paroles possibles accompagnant l’imposition des cendres est « Souviens-que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière ». Mais comment interpréter cette formule ?
La tendance spontanée peut être d’y entendre d’abord un appel à la pénitence, à l’humiliation, voire à la mortification. Mais s’agit-il d’abord de cela ? Pas sûr si on se tourne vers les passages bibliques qui nous parlent de « poussière ».
Se souvenir que nous sommes poussière, selon la Bible, c’est d’abord se souvenir que nous sommes pétris de poussière, comme nous le rappelle le psaume 102 (103) : « comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint ! Il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussière ». Et si nous sommes pétris, c’est qu’il y a un potier, et le Seigneur est bien placé pour le savoir selon l’intuition du livre de la Genèse : « Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7).
Se reconnaître poussière c’est se reconnaître simplement pour ce que nous sommes, du côté du vase fragile façonné et pas du côté de Dieu. En ce sens, c’est bien un appel à l’humilité, mais pas à l’humiliation ; un appel à trouver ou retrouver sa juste place dans nos relations, avec Dieu, avec nos frères et sœurs, avec tous les êtres vivants, avec la terre et le reste de l’univers.
L’astrophysicien Hubert Reeves publia il y a maintenant pas mal d’années un beau livre au titre évocateur « Poussières d’étoiles » pour méditer sur l’univers comme sur l’homme. Le pape François dans Laudato si’ précise cette thématique pour un croyant : « nous oublions que nous sommes poussière » en renvoyant à Gn 2,7 mais en précisant que « notre propre corps est constitué d’éléments de la planète » ce qui fait que « rien de ce monde ne nous est (ne devrait nous être) indifférent » (LS 2s).
C’est à toujours mieux redécouvrir cette solidarité fondamentale avec nos frères et sœurs – mais aussi tout ce qui nous environne – que nous sommes ainsi appelés en ce Carême dans l’esprit de Laudato si’. « Église verte » vous propose ainsi trois idées d’actions concrètes pour prendre conscience positivement du fait que nous sommes poussière avec d’autres poussières devant Dieu. Un Dieu qui est tendresse (et pas seulement notre « potier »), un Dieu qui nous appelle à nous ouvrir aux autres, à tout ce qui nous entoure et à lui, le tout Autre, qui s’est fait le tout proche en Jésus-Christ.
Christian Pian