Le CCFD Terre Solidaire n’envisageait pas la -triste- pertinence qu’allait prendre sa proposition pour le Carême 2022 invitant à se rappeler que « Nous habitons tous la même maison » (en écho à l’encyclique Laudato si’ du pape François sur la sauvegarde de la maison commune) et surtout, avec le thème retenu pour notre 5ème dimanche de Carême, point d’orgue de la proposition, qu’il nous faut « Construire une fraternité nouvelle ». Construire une fraternité nouvelle en écho cette fois-ci à la dernière encyclique du pape, Fratelli tutti, sur la fraternité et l’amitié sociale.

Déjà le contexte de la Covid-19 avait conduit François à écrire dans Fratelli tutti en 2020 que cela avait « réveillé un moment la conscience que nous constituons une communauté mondiale qui navigue dans le même bateau, où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde ». Et il ajoutait qu’ainsi nous nous étions « rappelés que personne ne se sauve tout seul, qu’il n’est possible de se sauver qu’ensemble » (§ 32). Combien plus ces propos prennent sens avec la guerre en Ukraine survenue depuis le 24 février. Comme le rappelait un article récent du journal La Croix, après cette sinistre date de l’invasion par l’armée russe du territoire ukrainien, le 28 février le Giec sortait un rapport sur la vulnérabilité de nos sociétés au changement climatique et le 2 mars... nous entrions en Carême. Ce qui pouvait apparaître comme trois événements se situant sur des plans totalement différents et qui, pourtant, devait résonner ensemble comme un même appel à une transformation personnelle et collective.

Vivre un carême pour l’Ukraine, si l’on suit François, c’est, à sa suite, demander pardon pour les morts de ce conflit qu’il a identifié, dans une prière reprise de l’archevêque de Naples, à Jésus lui-même : « Seigneur Jésus, né sous les bombes de Kiev, prends pitié de nous ! ». C’est demander pardon pour cette fraternité bafouée que l’humanité ne sait justement pas établir sur notre planète en oubliant les leçons de l’histoire (le pape François écrivait aussi de façon prémonitoire dans Fratelli tutti § 35 : « Après la crise sanitaire, [...] plaise au ciel que ce ne soit pas un autre épisode plus grave de l’histoire dont nous n’aurons pas su tirer les leçons » !)

Mais c’est aussi reconnaître, prier et s’engager, pour toutes les solidarités. C’est aussi savoir se sentir chacun responsable dans les crises écologiques et humanitaires, au-delà des responsabilités propres des puissants. Comme le titrait l’article de La Croix :

« Il ne s’agit pas uniquement de baisser le chauffage, mais de sortir de l’indifférence ».