Prière de rester éveillé pendant la messe !

 

Eh oui, car certaines phrases que nous échangeons entre prêtres et laïcs durant la messe vont changer ! Ce samedi 27 novembre au soir, avec la nouvelle année liturgique (l'entrée en Avent), nous allons inaugurer un nouveau Missel. Plus exactement, il s'agit d'une nouvelle traduction du Missel romain rédigé en 1969, suite à la demande du concile de Vatican II de restaurer la liturgie, en mettant davantage les fidèles à l'écoute de la Parole de Dieu et en facilitant leur participation "pleine, consciente et active" dans les prières. D'où l'usage de la langue française !

 

Le Missel est le livre qui regroupe toutes les prières de la messe, pour toute l'année, dimanches, jours de semaine et fêtes. Il est commun à toute l'Eglise depuis la réforme liturgique qui a suivi le concile de Trente au XVIème siècle. Et c'est justement au nom de l'unité de l'Eglise qu'une révision de la traduction française a été demandée par Benoît XVI en 2002 : la traduction de 1970 avait cherché à combiner la fidélité au texte latin de référence et une inculturation, pour avoir un texte français fluide et compréhensible. La nouvelle traduction, tout en gardant évidemment l'objectif d'un beau style, colle davantage au latin.

 

Cela n'a pas été facile, il y a eu de multiples tentatives, d'où la durée du processus : depuis 2002 ! Le P. Delhougne, qui a participé à ce travail, raconte par exemple qu'ils se sont demandés comment traduire certaines formules comme "Daigne, Seigneur" ou "Nous prions ta majesté", qui sont traditionnelles en latin mais en français font plus penser à Louis XIV qu'à Dieu !

 

Vous remarquerez que nous dirons que le Christ enlève "les péchés" du monde, au lieu du péché : théologiquement, les deux formules sont intéressantes car Jésus nous pardonne nos péchés, mais il nous aide aussi à combattre les structures de péché (selon la formule de Jean-Paul II).

 

Le Credo de Nicée-Constantinople retrouve l'ancien "consubstantiel" à la place du "de même nature" pour relier le Fils au Père.

 

Le changement le plus notable est au début de la liturgie eucharistique. Au lieu de : Prions ensemble au moment d'offrir le sacrifice de toute l’Église. - Pour la gloire de Dieu et le salut du monde, nous aurons dorénavant : Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout-puissant. - Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Église. Cela souligne les positions respectives du prêtre et des laïcs dans la prière, et insiste sur le fait que la messe est l'actualisation du sacrifice du Christ, acte d'amour qui nous sauve et qui suscite bien sûr notre action de grâce au Père. [En fait, on aura le choix entre les deux formules.]

 

Ces changements vont donc nous obliger à être plus vigilants dans la prière : ça tombe bien, pendant l'Avent la Parole de Dieu nous invite à "veiller dans la foi" !