Ce dimanche 6 juin, nous fêtons le Saint-Sacrement, c'est donc une messe pour fêter le mystère de la messe ! Cela peut faire sourire mais le Pape Urbain IV qui l'a instituée en 1264 voulait affirmer la réalité du changement du pain et du vin en Corps et Sang du Christ au cours de la prière eucharistique, alors que cette affirmation de foi était contestée. Ce n'est pas étonnant ; l'étonnant est plutôt que l'Eglise a continué d'affirmer que l'hostie consacrée n'est plus du pain mais le Christ lui-même, sous les apparences du pain, alors que tout porte à penser qu'il s'agit strictement du même pain qu'avant la consécration...

Urbain IV a sans doute été poussé à ce rappel de la foi et à l'institution de cette fête par le miracle eucharistique qui a eu lieu en 1263 à Bolsena : une hostie s'est mise à saigner entre les mains du prêtre qui venait de la consacrer ! Ce n'était pas la première fois, on raconte que saint Grégoire avait vécu la même chose en 595 et on vénère à Lanciano une relique de chair et de sang qui serait due à la consécration eucharistique vers 700.

Ces miracles aident à prendre au sérieux la parole de Jésus : "Ceci est mon corps". Nous n'en restons pas au plan symbolique, le Christ n'est pas présent de manière seulement spirituelle, à côté du pain ni même par le pain ; sa présence est physique, elle modifie la substance du pain. On parle de "transsubstantiation" à partir de 1215 (4e concile du Latran). "Après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, est présent vraiment, réellement et substantiellement sous l'apparence de ces réalités sensibles." (concile de Trente, 1551)

Impossible à expliquer rationnellement, surtout aujourd'hui où l'on connaît la structure atomique de la matière ! Pourtant on peut tenter une approche en réfléchissant sur l'homme : il semble possible d'affirmer que l'homme a une âme, même si celle-ci n'est pas repérable par les scientifiques. C'est cette âme qui explique que l'homme se pose des questions métaphysiques, soit doté de sensibilité artistique ou capable de donner sa vie pour son prochain (capable aussi du pire, malheureusement). Cette âme est comme l'étincelle divine en chacun, que Jésus vient faire grandir, et qui illumine les saints du Paradis : là, leur personnalité n'est pas modifiée et pourtant l'Esprit Saint les transforme, y compris corporellement (c'est la résurrection). Je me dis que le pain subit quelque chose d'analogue lors de la messe : cet objet de la Création (et du travail des hommes) entre dans une relation nouvelle, parfaite, avec son Créateur, par Jésus qui est Roi de l'univers, dans l'Esprit de résurrection...

La Grande Marche

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