Notons aussi que la comparaison même avec le berger « qui sépare les brebis et les chèvres » colore le profil du roi qui juge. Le Christ, roi de l’univers, est un roi-berger qui connaît chacune de ses brebis, qui est capable de donner sa vie pour elle. La comparaison que fait Matthieu de Dieu ou du Fils de l’homme à un berger rejoint, à cet égard, celle du prophète Ezéchiel en 1ère lecture pour mettre au cœur du jugement la sollicitude et la compassion. S’il y a pour Ezéchiel, à la fin du passage entendu, annonce d’un jugement à l’intérieur du troupeau, c’est parce qu’il y a d’abord le souci de la brebis chétive, blessée, abandonnée, rejetée peut-être, et ignorée des autres bien portantes et correctement engraissées.

 

Mais un jugement, même sur cet arrière-plan, est bien suggéré. Il concerne tout homme, « toutes les nations » qui seront rassemblées devant le Fils de l’homme. Pour chacun, ce sera vraiment une surprise d’apprendre qu’en servant le plus petit d’entre les hommes il aura servi le Fils de l’homme lui-même… mais peut-être le contraire aussi. La pointe de la parabole, à savoir l’identification entre Jésus-Christ et ceux qui souffrent, doit donc nous interpeller mais sans nous enfermer dans la problématique desséchante du devoir. Car ce qui est en jeu c’est la dynamique de l’agapè, l’amour évangélique, la seule qui fasse vivre parmi les hommes et devant Dieu.

 

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